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Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 2.djvu/161

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trouvais des serviettes blanches à mon couvert tous les jours ! Je n’étais volé par le restaurateur que d’une somme déterminée ! Je vous ai donné ma liberté chérie !… qu’en avez-vous fait ?…

— Suis-je donc si coupable, Adolphe, d’avoir voulu t’éviter des soucis ? dit Caroline en se posant devant son mari. Reprends la clef de la caisse… mais qu’arrivera-t-il… j’en suis honteuse, tu me forceras à jouer la comédie pour avoir les choses les plus nécessaires. Est-ce là ce que tu veux ? avilir ta femme, ou mettre en présence deux intérêts contraires, ennemis… »

Et voilà, pour les trois quarts des Français, le mariage parfaitement défini.

« Sois tranquille, mon ami, reprend Caroline en s’asseyant dans sa chauffeuse comme Marius sur les ruines de Carthage, je ne te demanderai jamais rien, je ne suis pas une mendiante ! Je sais bien ce que je ferai… tu ne me connais pas…

— Eh bien, quoi ?… dit Adolphe ; on ne peut donc, avec vous autres, ni plaisanter ni s’expliquer ? Que feras-tu ?…

— Cela ne vous regarde pas !…

— Pardon, madame, au contraire. La dignité, l’honneur…

— Oh !… soyez tranquille, à cet égard, monsieur… Pour vous, plus que pour moi, je saurai garder le secret le plus profond.

— Eh bien, dites ! Voyons, Caroline, ma Caroline, que feras-tu ?… »

Caroline jette un regard de vipère à Adolphe, qui recule et va se promener.

« Voyons, que comptes-tu faire ? demande-t-il après un silence infiniment trop prolongé.

— Je travaillerai, monsieur ! »

Sur ce mot sublime, Adolphe exécute un mouvement de retraite, en s’apercevant d’une exaspération enfiellée, en sentant un mistral dont l’âpreté n’avait pas encore soufflé dans la chambre conjugale.

VII
l’art d’être victime.

À compter du Dix-Huit Brumaire, Caroline, vaincue, adopte un système infernal et qui a pour effet de vous faire regretter à toute heure