Aller au contenu

Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 2.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

on les vanterait encore davantage. J’ai donc raison. On ne méprise les orgues de Barbarie que parce que pour deux sous on peut se donner le plaisir de les entendre jouer pendant une heure. »


« La locataire du premier reçoit son journal la veille ; elle est censée par conséquent savoir les nouvelles douze ou quinze heures avant l’avoué logé au second étage, qui ne reçoit le sien que le matin ; le tailleur du quatrième n’a le Siècle que le lendemain ; et la ravaudeuse qui occupe la mansarde et qui loue son journal au cabinet de lecture de la rue Coquenard ne le lit que huit jours après sa publication. Pourtant aucun des quatre locataires ne sait avant l’autre ce qui se passe à Paris ; et même c’est souvent la ravaudeuse qui en est instruite la première. Les journaux serviraient donc à vous apprendre ce qu’on sait déjà ? »


« Autrefois un portier était logé un peu moins mal qu’un chien de ferme ; aujourd’hui nous avons dans notre loge un tapis, deux pendules de quatre cents francs, trois tableaux peints par Roqueplan, Belloc et Verdier, des fauteuils en palissandre ; maman ne sort jamais à pied. Encore, quelques années, et l’on dira avec importance : Il épouse la fille d’un portier ! »


« Je me demande si l’on est dans une position inférieure parce qu’au lieu d’avoir affaire à un homme qui vous dit : Monsieur, faites-moi une procuration, ce qui est l’emploi du notaire, on a affaire à quelqu’un de poli qui vous dit : Le cordon, s’il vous plaît ? »


« La police de Paris n’est presque faite que par les domestiques ; presque tous les domestiques sont des voleurs ou des espions. Les plus vieux sont plus voleurs et plus espions, voilà tout. Le plus honnête d’entre eux, homme ou femme, vole tous les jours au moins dix sous à ses maîtres. J’excepterai pourtant les domestiques qui ont nourri leurs maîtres pendant vingt ans — avec le fruit de leurs épargnes. »


« Hier j’ai assisté pour la première fois à la représentation d’une tragédie. Dieu ! que j’ai ri ! J’étouffais pour ne pas causer du scandale