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Puis, passant aux détails, elle mit la gaieté sur les lèvres d’une Napolitaine, l’esprit dans la tête d’une Irlandaise, le bon sens dans le cœur d’une Flamande, et, quand il ne lui resta plus rien à donner, elle se leva pour reprendre son vol.

« Et moi ? lui dit la Parisienne en la retenant par les bords flottants de sa tunique bleue.

— Je vous avais oubliée !

— Entièrement oubliée, madame.

— Vous étiez trop près de moi, et je ne vous ai pas vue. Mais que puis-je maintenant ? le sac aux largesses est épuisé. »

La fée réfléchit un instant, puis rappelant d’un signe toutes ses charmantes obligées, elle leur dit : « Vous êtes bonnes, puisque vous êtes belles. Il vous appartient de réparer un tort très-grave de ma part : dans ma distribution j’ai oublié votre sœur de Paris. Que chacune de vous, je l’en prie, détache une partie du présent que je lui ai fait et en gratifie notre Parisienne. Vous perdrez peu et vous réparerez beaucoup. »

Comment refuser à une fée, surtout à la fée bleue ?

Avec la grâce qu’ont toujours les gens heureux, ces dames s’approchèrent tour à tour de la Parisienne, et lui jetèrent en passant, l’une un peu de ses beaux cheveux noirs, l’autre un peu du rose de son teint, celle-ci quelques rayons de sa gaieté, celle-là ce qu’elle put de sa sensibilité, et il se fit ainsi que la Parisienne, d’abord fort pauvre, fort