Frédéric dit à sa maîtresse, qui l’aime plus pour lui que pour son argent :
« Chère Herminie, tu me disais l’autre jour que tu devais deux cents francs à Mme Rampon, ta couturière. Les voici ; paye-la et débarrassons-nous-en.
— Merci, mon ami. »
Herminie court déposer l’argent dans son secrétaire.
Une semaine après, Frédéric, à propos de mille choses, dit à sa chère Herminie :
« Eh bien, as-tu payé le petit mémoire de Mme Rampon ? »
Herminie, avec un petit air gêné :
« Non, mon ami ; mais voici pourquoi : mon malheureux tapissier s’est présenté juste le jour où je comptais payer Mme Rampon, et il m’a obligée, — tu sais comme il est besoigneux ! — à lui acquitter son mémoire.
— Qui s’élevait ?
— À cent quarante francs.
— Fort bien. Il te manque donc à présent cent quarante francs pour faire face à la note de la couturière ?
— Mais oui…
— Les voici. Tes deux cents francs sont de nouveau complétés. Finis-en avec cette Mme Rampon.
— Oh ! oui, mon ami, nous n’y penserons plus. »
Dix jours s’écoulent, et Frédéric dit à Herminie, qui lui montre, pour savoir s’il est de son goût, un nouveau bonnet :
« Enfin as-tu terminé tes comptes avec la couturière ?
— Pas précisément. Figure-toi que mon bijoutier est venu — on dirait un fait exprès ! — le lendemain du jour où tu m’avais complété les deux cents francs de Mme Rampon ; et il m’a suppliée — d’ailleurs il est déjà venu si souvent ! — de lui régler sa note, qui se monte à cent vingt francs.
— Mais la couturière, la couturière ?
— Ah ! dame ! je n’ai plus assez pour elle maintenant, puisqu’il ne me reste plus que quatre-vingts francs.
— Il s’agit donc, en ce cas, de te remettre une seconde fois le complément des deux cents francs destinés à Mme Rampon ?
— Si tu voulais….. »
Et Frédéric verse le complément, c’est-à-dire cent vingt francs. En sorte que Mme Rampon n’est pas encore payée et qu’Herminie a reçu quatre cent soixante francs.