augustine. — Vous ne savez qu’humilier les gens ! Voilà vos clefs. Voilà celle du caveau ; veillez-y : vos portiers sont des ivrognes.
le maître. — Tu ne me l’avais jamais dit.
augustine. — Voilà la clef de votre argenterie. Veillez-y aussi. La maison n’est pas sûre. On y entre comme dans une halle.
le maître. — C’est vrai.
augustine. — Voilà la clef de vos vins fins et de vos liqueurs. Ne les laissez pas traîner. Les bonnes aiment le parfait-amour.
le maître. — Un calembour.
augustine. — Je ne sais pas ce que vous voulez dire, monsieur.
le maître. — Quel ton superbe !
augustine. — Ah ! j’oubliais de vous rendre cette croix d’or que vous m’avez donnée la dernière fois que je vous ai soigné de votre gros rhume.
le maître. — Garde-la, Augustine.
augustine. — Je ne veux rien de vous. (En cherchant la croix d’or pendue à son cou au bout d’un cordon de soie, Augustine dérange sa collerette, son fichu, elle s’impatiente.)
le maître. — Voyons… Augustine ; pas d’enfantillage… Je prendrai un homme de peine pour vernir mes bottes, tu as raison.
augustine. — Laissez-moi m’en aller.
le maître. — Ne suis-je pas un bon maître ?
augustine. — Qu’est-ce que cela me fait ?
le maître, solennellement. — Augustine, j’élève tes gages à cinq cents francs.
augustine, près de la porte. — Croyez-vous que ce soit l’intérêt qui me guide ?
le maître. — Ne parlons plus de cela.
augustine. — Vous allez vous habiller ?
le maître. — Oui, mon enfant.
augustine. — Vous déjeunerez ici ?
le maître. — Je le l’ai dit, on m’attend……
augustine, moins loin de la porte. — On attendra. Vous aviez promis de me faire voir le drame qu’on joue à la Porte-Saint-Martin. On le joue ce soir.
le maître. — Eh bien ! tu iras ce soir à la Porte-Saint-Martin. Es-tu contente ?
augustine. — Oui……
le maître. — À présent, écoute-moi
augustine. — Dites……