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Il était déjà venu. Lise sentit qu’elle avait été trop loin, lorsque Léonce lui dit tout bas :

« Je vous remercie d’avoir gardé notre secret.

— Quel secret, monsieur ?

— Celui de la ruse qui m’a rapproché de vous.

— Cela n’en valait pas la peine, dit-elle froidement.

— Et pourtant cela m’en a beaucoup donné, « ajouta Léonce.

Et tout aussitôt le voilà qui fait un tableau gai, grotesque, amusant, de sa campagne, de ses alertes, quand il entendait du bruit à la porte. Lise l’écoutait moitié riant, moitié fâchée, et finit par répondre :

« Et tout ça sans savoir pourquoi ?

— Oh ! je le sais pourtant, dit Léonce, presque ému.

— Ah !… fit Lise.

— Mais je n’ose pas vous le dire.

— Vous, à moi !

— Oui, à vous.

— Vous vous moquez de moi, monsieur le marquis.

— Si je vous le dis, m’en voudrez-vous ?

— Mais… reprit Lise, je ne sais pas. C’est selon ce que vous me direz… Ah ! non, ajouta-t-elle vivement, je ne veux pas le savoir. »

Donc elle le savait.

Mais ceci ne faisait pas le compte du lion ; il voulait parler, ne fut-ce que pour être écouté, il commença et dit tout bas :

« C’est que ce matin…

— Tenez ! tenez ! dit Lise en l’interrompant vivement, voilà M. Tirlot qui va chanter,

— Il est fort ridicule ce monsieur, dit Léonce, très contrarié de se voir arrêter, quand il se croyait sur le point d’arriver à un commencement de déclaration.

— Ridicule ! lui dit Lise d’un air digne, et pourquoi, monsieur le marquis ? »

Léonce vit sa faute ; il était redevenu lion à son insu ; et encore une fois embarrassé, il répondit assez brusquement :

« Je n’aime pas M. Tirlot.

— Et pourquoi ?

— Je lui en veux.

— Mais la raison ? »