Léonce se mit à rire de lui-même, et, se sauvant de son mieux du mauvais pas où il s’était fourré, il répliqua :
« D’abord parce qu’il est garçon d’honneur, et qu’il avait le droit de vous donner le bras ce matin.
— Ce droit ne lui a pas beaucoup profité, ce me semble, dit Lise en souriant.
— Et puis, parce qu’on l’a placé à table à côté de vous.
— Et il a bien gardé sa place ! reprit Lise de même.
— Enfin, ajouta Léonce, parce qu’il dansera la première contredanse avec vous.
— Hélas ! il a oublié de me la demander.
— En ce cas, je la prends.
— Comment, vous la prenez ?
— Oui, dit Léonce avec une franche gaieté, je veux tout lui prendre ; et si j’étais à côté de lui, je lui soufflerais son assiette, et je lui boirais son vin.
— Ah ! ce pauvre M. Tirlot, dit Lise en riant avec une vraie confiance.
— Nous dansons la première ensemble, n’est-ce pas ?
— Puisque c’est convenu.
— Ce monsieur Tirlot, continua Sterny, emporté par le succès de sa gaieté, je voudrais lui voler jusqu’à sa chanson.
— C’est difficile, dit Lise, le voilà qui commence.
— C’est égal, lui dit Sterny tout bas ; je veux lui disputer la palme.
— Vrai !
— Vous allez voir ! »
M. Tirlot commença ; il y avait quatre couplets, auxquels ne manquaient ni la mesure, ni la rime, et qui célébraient :
1° Mme Laloine ;
2° M. Laloine ;
3° Mlle Laloine devenue Mme Gobillou ;
4° Gobillou.
Il y en avait pour tout le monde.
Ce furent des acclamations et des transports touchants. M. Tirlot triomphait ; Lise était émue, elle applaudissait, elle se repentait de la contredanse qu’elle lui volait.
Mais Sterny était en veine de bonheur, et il poussa doucement le coude à Lise, en lui disant :