mais le roi et la noblesse ayant conquis un trésor inépuisable de rhumatismes au siège de La Rochelle, en octobre et novembre 1628, Richelieu conseilla une petite guerre curative au delà des monts. Ce fut le duc de Savoie qui paya les frais du traitement. On ravagea tout chez lui, et on revint à Paris, en parfaite santé, aux premiers jours de printemps.
Les papes, qui ont toujours eu plus d’esprit que les rois, s’indignèrent enfin contre cette manie des princes et des nobles de France qui choisissaient ainsi, en hiver, l’Italie pour leur maison de santé. Ils se gardèrent bien d’exhaler hautement leur juste colère, mais ils eurent recours à des machinations sourdes en usage au Vatican. Par l’effet de ces trames italiennes, le cardinal Mazarini, né à Rome, se créa roi de France sous Louis XIV, et son premier soin fut d’éteindre la manie des guerres au delà des monts. Pour suppléer à cette puissante guérison traditionnelle, Mazarini inventa les incommensurables perruques du grand siècle. Le règne de Clodion fut effacé. On se figure aisément l’hilarité intérieure du railleur et perfide Italien, lorsqu’il vit pour la première fois son idée se développer, avec une ampleur extravagante, sur les cerveaux du roi et des courtisans. Un livre à peu près inconnu, comme tous les livres de bon sens, m’affirme que la chambre de Mazarini, à Vincennes, retentissait nuit et jour d’un éclat de rire puissant et ultramontain, et que les gens de cour ne savaient à quoi attribuer cette explosion de gaieté solitaire, entretenue à huis clos par le cardinal. Certes, nous la comprenons aisément aujourd’hui cette joyeuse humeur, et il faut convenir qu’elle est dans l’esprit du caractère italien. Les perruques supprimèrent les rhumes de soixante-cinq rois, et les guerres d’Italie permirent à Louis XIV de passer le Rhin et d’assiéger Namur sans la moindre toux.
Sous Louis XV, le cardinal de Fleury usa de sa puissante influence pour éloigner le roi des guerres ultramontaines. On s’était un peu relâché des coiffures hygiéniques du grand siècle, et la noblesse avait été obligée