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chapitre premier

connaître qu’il y avait accord entre ces trois hommes, et que la rage de leurs ennemis n’avait pas si tort de s’attaquer à eux de préférence à tous les autres. Toute la question se réduit à savoir s’ils ont été, s’ils ont pu être des hérésiarques, et si Raconis, évêque de Lavaur, avait raison de les dénoncer comme les chefs de ce qu’il appelait le jansénisme, le cyranisme et l’arnaudisme (il aurait dû dire arnaldisme), trois hérésies qui n’en font qu’une. Voilà donc ce qu’il faut examiner dans ce chapitre préliminaire, en commençant, comme il est juste, par Cornelius Jansenius.

La vie de Jansénius est assez connue pour qu’il ne soit pas nécessaire de la raconter à nouveau ; on sait qu’il est né en 1585, et qu’après avoir été professeur d’écriture sainte à l’Université de Louvain, il mourut évêque d’Ypres en 1638. Professeur, il fit des cours d’exégèse très remarqués, et ses commentaires posthumes sur les Évangiles et sur le Pentateuque, admirés par des savants comme Mabillon et plusieurs fois réimprimés, n’ont jamais été l’objet de censures ecclésiastiques. Il en est de même d’un Discours sur la réformation de l’homme intérieur, dont il s’est fait plus de cent éditions, et de quelques autres ouvrages. L’orthodoxie de l’évêque d’Ypres n’a pas été mise en doute de son vivant ; sujet de la très catholique Espagne, ses collègues de Louvain l’envoyèrent deux fois à Madrid, au pays des inquisiteurs, pour y soutenir contre les envahissements des Jésuites la cause de cette université célèbre. Il fut choisi de même en 1630 pour relever un défi solennel des protestants de Bois-le-Duc, et il réduisit ses contradicteurs au silence. S’il écrivit contre Richelieu et contre la France, en 1635, un assez