Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 2.djvu/16

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Bulle, et c’était par son autorité que les vérités condamnées par la Bulle éclataient de tous côtés dans les chants et dans les prières de l’Église. Le Bréviaire de 1736 et le Missel de 1738 sont la réfutation perpétuelle des erreurs du molinisme et la glorification de l’augustinisme et du thomisme. On comprend que la, rage des Jésuites se soit attaquée à ce Bréviaire, non pas, à cause des scandaleuses illustrations de Boucher qu’il fallut supprimer dès la première édition[1], mais à cause du texte même, qui leur faisait juger monstrueux un pareil ouvrage « masse d’un levain empesté et corrompu, capable d’empoisonner tout ce qu’elle touche ». Vintimille ne s’émut pas, et pour rendre la contradiction encore plus complète, il fit traduire en français le Bréviaire et le Missel, et ses traductions, répandues à des millions d’exemplaires à Paris et dans la France entière, remplacèrent avantageusement les Réflexions morales de Quesnel. Elles mirent l’Écriture sainte à la portée de tout le monde, comme le voulaient les 79e et 80e des propositions condamnées par la Bulle. Rien n’a plus contribué à discréditer cette Bulle tant prônée par Vintimille que la lecture et la méditation du Bréviaire et du Missel publiés par ses ordres. Voici enfin, pour permettre au lecteur de juger Vintimille en connaissance de cause, deux lettres de cet archevêque. La première, écrite en 1739, était adressée à : Massillon : « Il y a environ dix ans, mon cher seigneur, que je suis archevêque de Paris. On m’a fait faire bien du mal à ces pauvres Jansénistes. Cependant je n’ai jamais trouvé que d’honnêtes gens parmi eux. Ce sont ces malheureux Jésuites qui sont la

  1. V. A. Gazier. Revue de l’art chrétien de 1911 : François Boucher et le Bréviaire de 1736.