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cause de tous nos maux. Tant que ces boutefeux subsisteront, il n’y aura de paix ni dans l’Église ni dans l’État[1]. »

L’autre lettre, encore plus ancienne, fut écrite en 1732 au cardinal Fleury. « Ma foi, Monseigneur, disait Vintimille, je perds tête dans toutes ces malheureuses affaires qui affligent l’Église. J’en ai le cœur flétri, et je ne vois nul jour de soutenir cette Église de France que par un moyen que V. E. ne goûte point, qui est d’assembler un concile national, et de nous dire à la franquette les uns et les autres ce que nous entendons par chacune des propositions [de la Bulle], le bien que nous approuvons, le mal que nous rejetons ; et après frapper brutalement sur les uns et sur les autres qui ne voudront point nous suivre ; et si Rome ne veut point se rendre facile à ce que nous aurons fait, lui renvoyer sa Constitution. Ce projet, je l’avoue, que j’ai fait plus d’une fois et que mon chagrin me fait faire, mérite quelque attention mais en vérité on se lasse de battre l’air et l’eau inutilement[2]. »

Vintimille survécut trois ans au cardinal Fleury, et il ne témoigna pas à l’évêque de Mirepoix,son successeur, toute la docilité désirable. Après la publication du Bréviaire, il ne pouvait plus espérer la pourpre cardinalice, car les Jésuites s’y opposaient absolument. Il mourut en 1746, et on le remplaça par un fanatique, Gigault de Bellefont, archevêque d’Arles. Ce dernier se proposait d’exterminer tous les appelants, mais quarante jours après son installation, en

  1. Copie ms. du temps. Cette lettre a été imprimée en 1776 par le neveu de Massillon qui avait tenu l’autographè entre ses mains.
  2. Lettre du 22 mai 1732, copie du temps.