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Page:Gazier - Mélanges de littérature et d’histoire, 1904.djvu/323

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plus dépravées, et leurs principes religieux sont aussi plus affaiblis. Le luxe, le débordement des mœurs, les mauvais exemples et surtout le relâchement des ecclésiastiques en sont les principales causes. Par conséquent les moyens d’y remédier doivent consister dans la simplicité, le bon ordre et les bons exemples. La Révolution produit en eux la défiance, la crainte et l’espérance tout à la fois, l’agitation et beaucoup d’inquiétude sur leur sort futur. Il est bien difficile de leur persuader qu’ils seront mieux qu’ils ne sont et qu’ils payeront moins d’impositions, parce qu’on les séduit, on les égare, et qu’ils sont d’autant plus faciles à tromper qu’ils sont naturellement bons, ignorants et assez tranquilles. L’intérêt personnel les domine presque à l’excès et dirige en quelque sorte leurs autres affections. Ils ont en général peu d’ambition, et comme ils sont très pauvres ou ruinés pour la plupart, ils ne désirent que du pain, et quand ils en ont, on les voit satisfaits. Oui (les ecclésiastiques et les ci-devant nobles ont été persécutés), mais sûrement moins qu’ailleurs, et encore moins actuellement. On commence à revenir sur leur compte, et ils regagnent peu à peu ce qu’ils avaient perdu dans les esprits[1]. »

« — Bretagne. Depuis vingt ans, les Bretons sont moins sauvages, leurs mœurs sont plus dépravées auprès des villes, leurs principes religieux sont assez peu affaiblis. Ce qui les rend moins sauvages, c’est leur communication plus fréquente avec les villes ; et les grandes routes ouvertes en Bretagne il y a trente ans sont une des principales causes de cette communication. La Révolution leur a donné plus de hardiesse dans le caractère, et elle les aurait beaucoup formés sans les obstacles apportés par la superstition à l’occasion du serment des prêtres. Ils n’ont d’autre idée du patriotisme que celles inspirées par l’intérêt personnel. Ils sont si habitués à tous les genres d’esclavage qu’ils sont encore les esclaves des prêtres, et qu’ils seraient également ceux des ci-devant nobles si ceux-ci reprenaient quelque crédit, et que même actuellement, sans avoir cependant confiance en eux, ils ont

  1. Lettre anonyme et d’autant moins suspecte.