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et la Champagne, sur lesquelles Grégoire n’avait pas obtenu de renseignements précis ; je me contenterai, monsieur le directeur, de présenter une rapide analyse de ces dépositions.

Dans l’Île-de-France, près de Melun, on remarque des mœurs douces et pures, avec un grand amour pour cette Révolution qui vient d’établir l’égalité, plus chère aux campagnards que la liberté même.

Dans l’Artois, on se plaint d’une dépravation toujours croissante que l’on attribue à la licence effrénée de la presse depuis 1789, mais on compte sur les curés et sur les procureurs-syndics pour « arrêter ce torrent d’iniquité, capable d’accroître les désordres dans les campagnes. »

En Bourgogne, les mœurs sont devenues plus dépravées, parce que « le luxe et le libertinage » ont « pénétré partout depuis plus de vingt ans. Si les campagnards étaient menacés de payer plus qu’ils ne payaient, ils réclameraient bien vite l’ancien régime. »

Près de Mâcon, les mœurs sont plus dépravées à cause « des petits cabarets de village où l’on donne du vin à toute heure de la nuit ; » les outrages aux ecclésiastiques consistent à dire en les voyant passer, surtout les chanoines : « Voyez ce calotin, » et quelques-uns ajoutent qu’il n’en faudrait laisser aucun.

A Sancerre, la Révolution a « exalté les têtes ; » les prêtres et les nobles ont été « un peu en butte aux injures des paysans, » mais cela n’a pas eu de suites, et l’on espère que l’équilibre se rétablira.

Le club de Maringues, en Auvergne, écrit que le peuple a donné partout « un exemple parfait de docilité ; mais, dit-il, cette docilité eût été la même sous