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Page:Gazon-Dourxigne - Ariane a Thesee, heroide nouvelle, 1762.djvu/7

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Les rayons de l’Aurore éclatoient dans les Cieux ;
Et déja des Oiſeaux les chants harmonieux
Annonçoient le retour du Dieu de la lumiere ;
Je m’éveille, & ſoudain entr’ouvrant la paupiere,
Préoccupée encor d’un ſonge plein d’appas,
Avec empreſſement vers toi je tends les bras ;
Mais en vain, toute en proie à ma brûlante yvreſſe,
Je cherche à mes côtés l’objet de ma tendreſſe ;
Et croyant t’embraſſer, ô tranſports ſuperflus !
Je n’embraſſe qu’un lit, hélas ! où tu n’es plus.
Je me leve auſſitôt ſurprise de ta fuite ;
Et dans le triſte état où je me vois réduite,
Je déchire mon ſein, j’arrache mes cheveux,
Et venge ainsi ſur moi l’affront fait à mes feux.
Un mouvement plus doux ſuccédant à ma rage,
Après avoir des yeux parcouru le rivage,
Sur ſes bords dangereux je dirige mes pas ;
Les fatigues, les ſoins ne me rebutent pas :
Je vais, reviens ſans ceſſe ; & dans cette Iſle aride,
Le ſable en vain s’oppoſe à ma courſe rapide.
Épuiſée à la fin, je m’arrête ; & mes cris
Redemandent Théſée aux Rochers attendris :
L’Écho même touché de ma douleur extrême,
Prononce, ainſi que moi, le nom de ce que j’aime ;
Et plus que toi ſenſible à mes gémiſſemens,
Semble te reprocher ton crime & mes tourmens.
Là, d’un Mont dont la cime eſt preſque inabordable,
Pendoit en précipice un roc inébranlable ;
Toutefois, mon audace égalant mes revers,