Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/244

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Elle se pencha vers un petit miroir qui était au fond de son coffret, vit un visage vieilli, ravagé, qu’elle ne reconnaissait pas. Des sillons s’étaient creusés sous ses yeux, de noires cernures de fièvre, et d’autres coupaient ses joues, abaissaient les coins de ses lèvres. Il y avait toujours, pourtant, dans son regard, sa douceur pensive de jeune fille, cette expression profonde et charmante qui la faisait si jolie. La poésie des yeux est celle qui s’en va la dernière. Et sa bouche avait toujours le trait pur qui s’animait délicieusement pour le sourire et pour la parole. Mais cela était perdu dans la chair grise, envahie par la cendre du temps : il n’y avait plus là-dessous que des étincelles difficiles à raviver.

Il y avait encore autre chose, malgré tant de désarroi. Il y avait une pensée qui veillait à travers tout, la pensée de sauver sa maison, son bien, ce qui avait été la vie des siens et sa vie à elle, la pensée d’enlever cela à ce