et que c’est vouloir résoudre un des plus grands problèmes artistiques que d’essayer sur une toile la représentation des choses et des heures, de l’éternelle matière et de la lumière solaire. Pour une telle résurrection des aspects et des phénomènes, le goût de l’arrangement et l’habileté de l’ébauche sont insuffisants. Il faut être né avec la compréhension et l’amour de la nature, avec le don de raconter son esprit en racontant les spectacles contemplés. La vocation ne s’improvise pas, et les grands noms sont aussi rares qu’ailleurs dans la peinture de paysage.
Un de ces noms est celui d’Alfred Sisley. Il eut le tort de persister aux Salons que désertèrent judicieusement ses amis Monet, Pissarro, Renoir. Au Salon il est difficile de distinguer une sensibilité individuelle dans les amas des toiles disparates accrochées les unes auprès des autres. Un tableau exige l’isolement ou des voisinages harmonieux. Ce n’est pas le cas dans les halles de la peinture où les formes, les mouvements, les couleurs s’enchevêtrent. On pouvait bien voir, dans les reproductions du Loing, des coteaux de Saint-Mammès, des aspects de Moret, la délicatesse de la clarté bleuâtre ou rose où s’adoucissaient les maisons, les collines, les ruisseaux, dans un échange de tendres reflets. On devinait la chaleur de l’atmosphère, le nuan-