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Page:Geffroy - Sisley.djvu/35

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s'aperçut guère lui-même. C’est ainsi qu’il passa des taches justes, des harmonies grises, à des formes plus étudiées, plus présentes, à des harmonies lumineuses, vives, enflammées. Il devint alors le peintre des rivières qui étincellent, roulent des paillettes et des feux, et des beaux ciels légers, profonds, où le rose du matin, le bleu du jour, le violet du soir, s’évanouissent, où les nuages, dans l’éther fluide, voguent comme des escadres, au large de cet infini.

Parmi tant de tableaux charmants et puissants, il est des œuvres intermédiaires, des paysages plâtreux, creux, où l’artiste n’a pas dépassé les apparences, où il a dressé le décor entrevu dans une atmosphère qui semble vide. Seulement, il faut retenir d’un pareil artiste, non ses troubles et ses défaillances, mais sa prise de possession des choses, ce qui fait de lui un être joyeux et fort, tel qu’il se révèle librement dans une toile mouvementée comme les Bords du Loing, où le ciel, l’eau, les berges, célèbrent une fête de l’univers, tel encore qu’il apparaît en plein équilibre, en plein vouloir, dans les beaux automnes au bord de sa chère rivière du Loing autour de sa ville de Moret.

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