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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/103

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il étoit lilas et argent sur un grand panier. Je vis à la Comédie Françoise la première représentation d’Hypermnestre, de Lemierre[1] ; j’aimois le spectacle avec passion, et surtout la tragédie. Ainsi, mes journées se trouvoient employées, sinon convenablement, du moins en totalité, il n’en restoit rien pour des études sérieuses.

Dans ce même hiver, la Providence veilla sur mes jours d’une manière singulière. Ma mère, voulant me donner son portrait en miniature, le fit monter en bracelet avec un joli entourage d’opales et d’émeraudes. Ce bracelet, qui m’a été volé sept ou huit ans après, me fit tant de plaisir, et j’en ai conservé un souvenir si agréable, que j’en ai donné un pareil (en description) dans les Chevaliers du Cygne, à l’une de mes héroïnes. Ma mère imagina une manière charmante de me donner ce bracelet : ce fut de l’attacher à mon bras pendant mon sommeil. Je couchois seule dans une chambre, mademoiselle de Mars couchoit dans un cabinet à

  1. Lemierre, né à Paris, est mort à St.-Germain-en-Laye, au mois de juillet 1795, âgé de soixante-douze ans. Hypermuestre et la Veuve du Malabar sont les seules tragédies de ce poëte qui soient restées au théâtre.
    (Note de l’éditeur.)