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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/105

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l’Esprit. J’entendois beaucoup disserter sur cet ouvrage, et dans un bon sens ; tont le monde fut indigné du but et des principes de l’auteur. On appeloit M. Helvétius un philosophe ; et tout ce que je recueillois, à ce sujet, et que j’écoutois avec curiosité, jetoit, dans mon jeune esprit, les germes d’un profond mépris pour la philosophie moderne. M. de Mondorge venoit tous les jours conter quelque trait relatif à ce livre et à son auteur ; entre autres la rétractation de l’auteur, que l’on trouva honteuse, parce que l’on crut qu’elle n’avoit rien de sincère. M. de Mondorge parloit très-bien sur l’infamie des principes de son livre[1].

Lorsque l’hiver fut passé, nous allâmes à Saint-Mandé dans une maison de campagne de ma tante. Cette maison étoit charmante, elle avoit un joli jardin avec une porte qui

  1. « Ce livre affreux (dit Collé), en horreur aux pères de famille et aux âmes honnêtes, n’a dû sa réputation éphémère qu’à son impudence, et c’est d’ailleurs un ouvrage très-ennuyeux. » (Voyez Mémoires de Collé, tom 2, page 256.) Je cite ce jugement non suspect, car Collé n’étoit assurément ni un dévot ni un moraliste austère.
    (Note de l’éditeur.)