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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/106

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donnoit dans le bois de Vincennes. Nous étions là quatre enfans, dont j’étois la plus âgée, mon frère, mes deux cousines et moi. Ma tante logeoit au rez-de-chaussée ; le salon, très-beau et très-grand, étoit au premier ; on y fit mettre mon clavecin, et on nous l’abandonna pour mes études et pour nos jeux, excepté les jours où il venoit beaucoup de monde, ce qui n’arrivoit guère que tous les huit ou dix jours. D’ailleurs ma tante se tenoit dans sa chambre avec ma mère et trois ou quatre personnes de sa société intime.

Cet été s’écoula délicieusement pour moi ; après mes trois ou quatre heures d’étude musicale, j’étois maîtresse de l’emploi de mon temps, que je passois en promenades et en jeux nouveaux inventés par moi. C’étoient des pantomimes formées de lambeaux des tragédies que je connoissois, et des romans que j’avois lus, avec quelques petites inventions de ma façon. Les acteurs étoient mon frère, mes cousines, mademoiselle de Mars et moi ; et les spectateurs les femmes de chambre. Bientôt j’ajoutai à cela des pièces, toujours d’un genre héroïque, dans lesquelles il falloit parler de tête ; j’étois obligée d’y jouer un rôle