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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/108

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lit ; il tira de cette discrète manière, mit le feu au lit, et fut renversé du coup… On accourut, et l’on découvrit avec surprise ce singulier expédient. Nous avions dans notre jardin une petite porte qui donnoit dans le bois de Vincennes ; une vieille servante nommée Véronique en avoit une clef, qu’elle nous prêta plus d’une fois pour une demi-heure ; alors nous faisions plusieurs petites escapades dans le bois, et, pour nous donner une certaine dignité aux yeux des passans, nous imaginâmes, l’aînée de mes cousines et moi, de nous faire porter alternativement la queue de nos petites robes par mon frère (les robes et même les fourreaux de ce temps avoient toujours des queues), ce qui étoit d’autant plus singulier, qu’étant destiné à l’état ecclésiastique, il étoit toujours habillé en abbé ; mais il n’en portoit pas moins nos queues avec beaucoup de douceur et de sérieux nous nous promenions ainsi avec une grande gravité pendant notre demi-heure. Malgré cette simplicité, cet enfant avoit beaucoup d’esprit et de génie. Six mois après il trouva dans le Journal encyclopédique un problème proposé aux savans ; il en envoya au même journal la solution qui