Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cet indigne abbé (qui n’étoit point prêtre) fut livré à la justice et condamné au carcan et aux galères. Le jour où il fut conduit à la Grève pour y subir ce supplice, un étranger, voyant dans les rues un grand attroupement, demanda ce que c’étoit ; quelqu’un répondit : C’est l’ambassadeur de M. de la Popelinière qui fait son entrée.

Le surlendemain de notre arrivée à Passy, j’assistai à la célébration des noces de six pauvres filles mariées par M. de la Popelinière. Elles étoient toutes vêtues uniformément en paysannes, mais avec élégance. M. de la Popelinière donnoit ces habits, un joli trousseau, cinq cents francs en argent à chaque couple, et il faisoit tous les frais de noces ; il consacroit, tous les ans, six mille francs à cette charité : il y eut un bal champêtre dans le château de Passy, et un grand festin pour les nouveaux mariés. Je dansai beaucoup, je m’amusai infiniment, et je me passionnai pour M. de la Popelinière, qui donnoit des fêtes d’un si beau genre. Je le regardois avec admiration. Il nous lisoit de temps en temps, quand nous étions en petite société, des morceaux d’un roman oriental intitulé Daïra, qu’il composoit alors, et qui me