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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/129

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faisoit des vers ; M. Bertin, autre poëte[1]. Ces jours-là venoient aussi beaucoup d’artistes ; je ne me souviens que du peintre Latour : il avoit un caractère fort original ; il donnoit à deviner comment il venoit de Paris à Passy, en disant que ce n’étoit, ni en bateau d’aucune

    mière jeunesse le fameux Vaucansen, le plus grand mécanicien de son temps, qui avoit fait un automate qui jouoit de la flute, et un canard artificiel qui mangeoit et digéroit. Lorsqu’il fut reçu à l’académie des sciences, il s’aperçut que presque tous ses nouveaux confrères lui faisoient fort mauvaise mine. Il en demanda la raison à M. de Buffon, qui lui répondit, avec sa bonhomie ordinaire : « C’est que vous n’êtes pas plus fort que moi en géométrie, et qu’ici ils ne font cas que de cela. » « Eh ! que ne me le disoient-ils ? s’écria Vaucanson, je leur aurois fait un géomètre. » Il ne pensoit pas que cela fût plus difficile que de faire un flûteur et un canard. »

    (Note de l’editeur.)

  1. Bertin (Antoine, né à l’île de Bourbon en 1752, mort à l’île de Saint-Domingue en 1790. Amené de bonne heure en France, il y fit toutes ses études, sortit du collège pour entrer dans un régiment, et ne tarda pas à obtenir le grade de capitaine et la croix de Saint-Louis. Ses élégies, intitulées les Amours, et un grand nombre de poésies érotiques, lui ont valu le titre de Tibulle françois.
    (Note de l’éditeur.)