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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/131

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connoissoit que de réputation. M. de la Popelinière, sachant que c’étoit une jeune personne de dix-huit ans qui lui écrivoit, lut la lettre avec intérêt quoiqu’elle fût extrêmement simple ; mais il en admira la belle écriture et l’orthographe parfaite ; il accorda la grâce qu’on lui demandoit, alors il reçut une lettre charmante de remercîment ; il répliqua, une correspondance s’établit, elle dura six mois. M. de la Popelinière se passionna pour cette jeune provinciale qui montroit tant d’esprit, de grâce, de sensibilité. Il écrivit dans la province pour prendre des informations sur elle ; on lui mande que celle qui l’intéresse si vivement est jolie, et qu’elle est un ange par son caractère et par sa conduite. Le voilà amoureux, il déclare ses sentimens, il reçoit une réponse qui achève de lui tourner la tête ; il offre sa main, on accepte, l’on part, et l’on arrive. La première entrevue le refroidit un peu, mais sans le faire changer ; il ne trouva pas sa future aussi jolie qu’il se l’étoit figuré, parce qu’elle étoit mal mise, qu’elle avoit l’air gauche, et beaucoup de taches de rousseur. Au bout de quelques jours, M. de la Popelinière fut si mécontent de son esprit, qu’il lui vint des