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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/132

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soupçons sur les lettres charmantes qu’il avoit tant admirées. Il questionna cette jeune personne, qui lui avoua naïvement qu’elle ne savoit même pas l’orthographe, et qu’elle n’avoit fait que copier des lettres faites par le curé du lieu. M. de la Popelinière lui donna un beau trousseau, pour trente mille francs de diamans, et cent mille francs de dot ; et il logea et nourrit chez lui les deux époux. Madame de Zimmerman, quand je l’ai connue, étoit mariée depuis cinq ans : elle n’avoit plus de taches de rousseur ; un maître à danser lui avoit donné bonne grâce ; elle avoit appris l’orthographe ; elle étoit agréable, jolie, modeste, sage ; il me sembloit que M. de la Popelinière devoit la regretter.

Nous retournâmes à Paris dans les premiers jours d’octobre. Je quittai M. de la Popelinière avec peine, j’avois pris pour lui un véritable attachement. Nous allâmes loger dans la rue Neuve-Saint-Paul. Nous avions là un fort joli voisinage, la famille de M. Le Fèvre, un créole très-riche, qui demeuroit sur le quai des Célestins ; il avoit quatre filles charmantes dont la plus jeune étoit de mon âge. Elles étoient aimables, bonnes, jolies et remplies de talens :