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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/134

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M. de Zimmerman, que nous voyions tous les jours, m’apprit à jouer du par-dessus de viole, et j’y réussis de même. Cependant j’aimois la harpe de préférence à tout, j’en jouois au moins cinq heures par jour. Gaiffre, après m’avoir donné quarante-deux leçons, ne voulut plus prendre de cachets ; mais il venoit toujours par amitié ; et il me faisoit déchiffrer. J’avois réformé tout son doigté : il faisoit les grandes roulades d’un doigt, en glissant ce doigt sur toutes les cordes, ce que certaines personnes font encore aujourd’hui, ce qui ne peut avoir ni tact, ni aplomb, et chose aussi ridicule que si l’on doigtoit ainsi sur le clavecin. Gaiffre ne faisoit point de cadences, et j’en fis avec beaucoup de facilité. Enfin, j’imaginai de me servir du petit doigt de la main droite dans les arpégemens. J’exerçai ma main gauche séparément en lui faisant faire tout ce que faisoit la droite. Comme il n’y avoit de gravé, pour la harpe, que quelques niaiseries de Gaiffre, je me mis à jouer des pièces de clavecin, et bientôt les plus difficiles, les pièces de Mondonville, de Rameau, et ensuite de Scarlati, d’Alberti, d’Hendel, etc. J’étois encouragée par la vive admiration de Gaiffre, je faisois d’inconceva-