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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/139

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l’air alors d’avoir tout au plus quarante-cinq ans, et par le témoignage de gens qui l’avoient vu trente ou trente-cinq ans auparavant, il paroit certain qu’il étoit infiniment plus âgé ; il étoit un peu au-dessous de la taille moyenne, bien fait et marchant fort lestement ; ses cheveux étoient noirs, son teint fort brun, sa physionomie très-spirituelle, ses traits assez réguliers. Il parloit parfaitement le françois sans aucun accent, et de même l’anglois, l’ialien, l’espagnol et le portugais. Il étoit excellent musicien ; il accompagnoit de tête sur le clavecin tout ce qu’on chantoit, et avec une rare perfection, dont j’ai vu Philidor étonné, ainsi que de sa manière de préluder. Il étoit bon physicien, et très-grand chimiste ; mon père étoit fort en état d’en juger, et admiroit beaucoup ses connoissances en ce genre. Il peignoit à l’huile, non pas de la première force, comme on l’a dit, mais agréablement ; il avoit trouvé un secret de couleurs véritablement merveilleux, ce qui rendoit ses tableaux très-extraordinaires ; il peignoit dans le grand genre,

    ses et contées par quelqu’un qui n’a jamais connu ce comte de St.-Germain.

    (Note de l’auteur.)