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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/152

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Pour revenir à l’histoire de ma mère, elle fut mise au couvent dès l’âge de six ans, et élevée dans l’idée que sa mère la destinoit à l’état monastique. L’abbesse de son couvent, madame Rossignol, étoit une personne de beaucoup d’esprit ; elle prit pour ma mère la plus vive affection et donna les plus grands soins à son éducation. On payoit sa modique pension, mais sans maîtres. L’abbesse lui fit apprendre la musique, à chanter des motets et à jouer de l’orgue. Ma mère dînoit avec l’abbesse et passoit avec elle toutes les journées. Elle voyoit souvent à son parloir le poëte Fuzelier[1], qui récitoit de jolis vers de sa composition, ce qui donna à ma mère le désir d’en faire. Pour son essai elle fit une espèce de cantique sur sainte Cécile : l’abbesse en fut enchantée et le montra à Fuzelier, qui donna à ma mère quelques règles de versification, qu’elle n’a jamais bien

  1. Fuzelier (Louis), né à Paris, en 1672, et mort en 1752, est auteur d’un grand nombre de pièces. Il a travaillé pour le Théâtre-François, pour l’Opéra, pour l’Opéra-Comique, pour le Théâtre-Italien, pour les Marionnettes de la foire, et de tant d’ouvrages il n’en est resté aucun au théâtre. (Note de l’editeur.)