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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/151

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voyageurs prêtent aux sauvages n’en sont pas moins ridicules. Mon oncle me donna un petit mémoire qu’il fit à ma prière sur les sauvages ; je l’insérai six ou sept ans après dans les Annales de la Vertu, en en faisant honneur à son auteur. Ce morceau, quand cet ouvrage parut, fut très-remarqué ; on regretta qu’il n’eut pas plus d’étendue. Je n’y avois pas changé un seul mot. Cette manière d’écrire est bien extraordinaire dans un homme expatrié depuis l’enfance, et qui avoit passé quinze ans parmi les sauvages. Ma mère étoit toujours en tiers avec nous, elle dirigeoit la conversation et communément je ne pouvois qu’écouter. C’étoit une occasion unique de m’instruire avec certitude d’une infinité de choses curieuses dont la connoissance eût été bien utile à mon étude favorite, celle du cœur humain ; je n’ai profité que superficiellement de cette précieuse occasion. Cependant, comme je veux donner dans quelques mois un recueil de nouvelles, j’en veux faire une que j’intitulerai le Sauvage européen ; j’y mettrai tout ce qu’il m’a dit, et je tâcherai de suppléer au reste par l’imagination[1].

  1. Je n’ai pas eu le temps de faire cette nouvelle, qui auroit pu être très-originale.
    (Note de l’auteur.)