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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/155

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rentes, trente-sept ans, et qui étoit aimable, rempli d’esprit et beau comme un ange. Madame de La Haie ne donna ni légitime, ni trousseau, ni présens : la bonne abbesse fit les frais de noce. Ma mère se maria dans l’église du couvent ; madame de La Haie vint cependant à la messe nuptiale avec ses deux enfans du second lit, son fils âgé de onze ans, et sa fille de huit ans et demi, et qui a été depuis madame de Montesson. Ma mère partit aussitôt pour la Bourgogne, pour sa terre de Champcery, où je reçus le jour quinze mois après son mariage.

Ma mère, à diverses époques, avoit vainement demandé sa légitime, c’est-à-dire la portion qui lui revenoit du bien de son père ; à force de persécutions, elle n’en avoit pu obtenir qu’une très-petite partie ; à l’époque de sa ruine elle devint plus pressante ; enfin, comme je l’ai dit, après le départ de mon père pour Saint-Domingue, elle se décida à plaider. Elle écrivit elle-même un mémoire, et avant de le faire imprimer et de commencer la procédure, elle chargea son avocat de le communiquer à madame de La Haie. Ce mémoire, très-respectueux par les expressions, étoit foudroyant par les faits. Madame de La Haie le sentit, elle en-