Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chantes, envoya chercher sur-le-champ ses gens d’affaires et signa son désistement, qu’elle fit remettre le jour même à madame de La Haie. Mon oncle revint nous voir, et me témoigna plus de tendresse que jamais ; il étoit bon, honnête, et de la sincérité la plus parfaite ; mais il partit à cette époque pour l’armée, et il fut tué à la bataille de Minden.

Je perdis beaucoup à sa mort, je suis sûre que j’aurois toujours trouvé en lui un bon parent, un zélé protecteur, et que, s’il eût vécu, la conduite de madame de La Haie eût été toute différente. Après son départ nous retournâmes plusieurs fois chez ma grand’mère sans être reçues. Enfin vint la nouvelle de la mort de mon oncle, la juste douleur de madame de La Haie suspendit toute idée d’affaires ; mais, lorsque les premiers momens furent passés et que ma mère renouvela ses demandes, elle ne reçut que des réponses sèches et vagues ; elle pressa, on ne répondit plus ; elle insista, elle écrivit sans relâche, on finit par lui faire dire qu’elle n’avoit rien à prétendre, qu’elle l’avoit reconnu elle-même en donnant son désistement. Ce coup fut rude à supporter, tous les gens d’affaires furent indignés de cette