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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/161

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basse et révoltante injustice, ceux mêmes de madame de La Haie en parurent consternés. Pour moi je fus saisie d’étonnement et d’indignation au point d’être malade ; je n’avois pas d’expressions pour peindre ce que j’éprouvois ; je suis persuadée que si le hasard m’eût fait rencontrer madame de La Haie, je me serois évanouie ; je ne pouvois penser à elle sans frémissement, je ne crois pas avoir éprouvé dans le reste de ma vie un sentiment plus pénible et plus violent. Ma mère à ce sujet me dit ces belles paroles : Ce qui me console, c’est que je vous ai donné un bon exemple, celui d’une confiance généreuse et du respect filial le plus parfait. Je ne répondis à ma mère que par mes larmes ; depuis ce moment-là nous ne revîmes plus ma grand’mère et ma tante.

À cette époque, on conta dans le monde une anecdocte si universellement répandue et reçue, que je ne puis la passer sous silence ; la voici : Après la mort du marquis de La Haie, tué à Minden, comme je l’ai dit, M. le duc de Bourgogne, fils aîné du dauphin, âgé alors de douze ans et se mourant d’un mal inconnu, montra beaucoup de chagrin de cette mort M. de La Haie avoit été son gentilhomme de la