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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/167

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de se ruiner lorsqu’on dédaigne tous les colifichets d’un faste vulgaire, et que l’on n’aime à s’entourer que des véritables richesses offertes par la nature, des fleurs, des fruits, des animaux domestiques ; mais il est vrai que beaucoup d’autres goûts, beaucoup moins innocens, ont infiniment plus contribué au bouleversement de la fortune de M. de Joui, que la ferme et le jardin de Chevilly.

Il m’arriva à Chevilly une aventure qui fit beaucoup d’honneur à mon courage, la voici : Un soir, qu’il étoit venu beaucoup de monde de Paris, on eut envie de m’entendre jouer de la harpe ; j’envoyai à notre pavillon chercher ma harpe, on me l’apporta, mais sans clef ; et, au lieu de donner une seconde commission, j’allumai ma petite lanterne de papier, et je courus à notre pavillon ; il étoit nuit, et je savois que le laquais de ma mère et sa femme de chambre n’y étoient pas : ils sortoient le matin quand leur ouvrage étoit fait, pour n’y retourner qu’à l’heure de notre coucher, à l’exception de deux ou trois heures dans la journée que la femme de chambre y passoit avec moi durant mes études. Nous étions tout le reste du temps à la ferme, séparée du pavillon par