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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/166

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double couronne, rompue seulement vis-à-vis la porte de glace, pour laisser le passage libre. Ainsi, nous étions là au milieu des fleurs et des fruits de toute espèce. Très-souvent on venoit prendre des glaces ou faire des collations dans le salon, et alors j’étois chargée d’en faire les honneurs. J’y ai reçu plusieurs fois la vieille maréchale de Villars, âgée alors de quatre-vingt-trois ans, veuve du grand Villars, qu’elle avoit épousé à quinze ans ; c’étoit la vieille la plus belle et la plus majestueuse que j’aie jamais vue. J’ai oublié de dire que dans un des côtés de la cour on voyoit d’immenses volières remplies de toutes les espèces de poules les plus rares, la plus utile des collections, puisqu’elle produisoit d’excellens œufs. Derrière l’un des côtés du jardin, se trouvoient en outre de vastes basses-cours. J’ai vu depuis en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, etc., de superbes habitations ; je n’en ai jamais vu de si riante et de si agréable à mon gré. M. de Joui, créateur de ce jardin, y avoit dépensé des trésors ; mais du moins il y avoit dans cette dépense une simplicité de bon goût, ce n’étoit pas là un luxe financier. Il semble qu’on devroit être à l’abri du malheur