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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/170

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bizarre eût manqué de grâce. Cependant tous les hommes, s’armant très-sérieusement, font allumer des flambeaux et se rendent au pavillon ; ils trouvèrent que je n’avois rien exagéré ; ils virent les traces de sang, les carreaux de glace brisés, le salon souillé de sang dans toute son étendue, et avec une effroyable abondance. Toutes leurs recherches, d’ailleurs, ne leur apprirent rien de plus. En sortant du pavillon, on vit qu’il y avoit sur le sable deux traces de sang qui s’éloignoient l’une de l’autre ; on suivit celle qui ne conduisoit pas au pavillon, elle mena dans une basse-cour dont, malgré les défenses du maître de la maison, la porte étoit ouverte ; et, en suivant toujours la trace, on parvint à l’étable d’une truie qui nouvellement avoit mis bas ! Cette truie, échappée dans cet état, avoit parcouru le jardin en y laissant çà et là des traces de sang dont plusieurs étoient rompues par ses allées et venues ; cet animal, ayant trouvé la porte du salon mal fermée, l’avoit poussée en cassant les vitres ; elle s’étoit fait à la gorge plusieurs coupures ; elle étoit entrée dans le salon, avoit bouleversé les meubles et inondé de sang le plancher, ensuite elle avoit regagné son étable. Tel fut le