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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/179

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Mon père, en revenant de Saint-Domingue, fut pris par les Anglois avec tout ce qu’il rapportoit ; on le conduisit à Lanceston, ville maritime d’Angleterre ; il trouva là beaucoup de prisonniers françois, et, entre autres, un jeune homme dont la jolie figure, l’esprit et les grâces lui inspirérent le plus vif intérêt ; c’étoit le comte de Genlis, qui, en revenant de Pondichery, où il avoit commandé un régiment pendant cinq ans, avoit été conduit en Chine, à Kanton, où il passa cinq mois, et ensuite à Lanceston.

Durant son séjour à Lanceston, il se lia intimement, comme je l’ai déjà dit, avec mon père, qui portoit habituellement une boîte sur laquelle étoit mon portrait, me représentant jouant de la harpe ; cette peinture frappa le comte de Genlis, il fit beaucoup de questions sur moi, et il crut tout ce que lui dit un père, qui ne me voyoit nul défaut. Les Anglois avoient laissé à mon père mon portrait, mes lettres et celles de ma mère, qui ne parloit que de mes succès et de mes talens. Le comte lut ces lettres, qui lui firent une profonde impression. Il avoit un oncle, ministre alors des affaires étrangères (le marquis de Puisieux) ; il