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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/186

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pour beau-père que pour mari. Je reprends la suite de mon récit. J’enchantois le couvent avec ma harpe. Je chantai deux fois des motets dans la tribune intérieure et grillée de l’orgue, la religieuse organiste jouoit bien de l’orgue, j’étois accompagnée par elle et par ma harpe ; il y eut les deux fois un monde énorme dans l’église extérieure pour m’entendre. Ma mère ne voyoit personne au parloir ; elle brodoit, elle écrivoit toute la journée. Elle faisoit son second roman intitulé : Lettres de deux jeunes personnes. J’ai oublié de dire qu’elle avoit envoyé le premier (le Danger des liaisons) à M. de Voltaire, qui lui fit une réponse remplie de choses flatteuses, et qui commençoit par quatre vers qui ont été imprimés dans plusieurs recueils, et qui n’en valoient guère la peine ; les voici :


J’ai lu votre charmant ouvrage.
Savez-vous quel en est l’effet ?
On veut se lier davantage.
Avec la muse qui l’a fait.


Ma mère avoit plusieurs lettres de M. de Voltaire. Pour moi, je lisois quelques livres que madame la comtesse de Sercey, ma tante,