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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/191

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Voici les derniers dons de Flore,
L’Amitié vient vous les offrir.


J’ai oublié les autres ; je me rappelle que le dernier fut trouvé très-touchant. Habillée en bergère, je lui chantai cette romance après lui avoir donné un bouquet, et en m’accompagnant de la musette. Ensuite je revins, habillée en Espagnole, chanter avec la guitare une autre romance sur un air de la garde, dont ma mère avoit fait les paroles. Enfin je jouai de la harpe, ce qui termina cette petite fête. Dans les premiers jours de notre établissement à Saint-Joseph, ma mère fit connoissance avec un compatriote qui n’avoit alors que vingt-huit ou vingt-neuf ans, et qui lui fut amené par un de ses amis, M. Marin. C’étoit M. de Sauvigny[1], connu alors par sa tragédie en trois actes, la Mort de Socrate, qu’il avoit donnée.

  1. Je pris M. de Sauvigny en amitié, parce qu’il parloit très-bien et très-vivement contre les principes de M. de Voltaire et des autres philosophes, qu’un instinct heureux me faisoit hair depuis mon enfance, quoique d’ailleurs je n’en eusse entendu parler jusqu’alors qu’avec admiration ; mais je savois, ainsi que je l’ai conté, qu’ils étoient irreligieux.
    (Note de l’auteur.)