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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/192

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deux ans auparavant ; pièce très-froide, qui cependant eut du succès, et qui annonçoit le talent de la versification. M. de Sauvigny avoit fait encore les Amours de Pierre le Long et de Blanche Bazu, en style marotique ; ouvrage charmant, plein de grâce et de naïveté. Je n’ai jamais aimé ce genre d’imitation, mais ici l’imitation est si parfaite qu’elle a tout le mérite de l’originalité. Il y a dans ce roman de charmantes romances, que Marot lui-même n’auroit pu faire plus naïves et plus agréables, et qu’Albanèze mit en musique.

Un mois après le départ de mon cousin pour Saint-Domingue, mon sort fut fixé sans retour ; j’épousai M. de Genlis, mais secrètement[1].

  1. Nous voyons de nos jours des choses qui n’eurent jamais d’exemple, ce sont des biographies de personnages vivans, dont on écrit les prétendues histoires sans leur aveu et sans avoir recueilli les moindres documens donnés par leurs familles ; de sorte que ces biographies sont remplies des plus étranges bévues. Je n’accuse point les auteurs de méchanceté et du dessein de calomnier, car en général ces faussetés ne sont que des méprises causées par l’ignorance absolue des faits. C’est ainsi, par exemple, que je me trouve dans trois biographies différentes. Dans toutes ; on ignore jusqu’au nom que j’ai porté depuis l’âge de six ans jusqu’à mon mariage ; on