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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/198

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de l’esprit, de la grâce, il se trouva, à quinze ans, possesseur de la terre de Genlis, l’une des plus belles du royaume, et libre de toute hypothèque, avec la certitude d’avoir un jour celle de Sillery, qui lui étoit substituée. M. de Puisieux, son tuteur, et très-aimé du roi, le fit faire colonel à l’âge de quinze ans, et lui dit : « Soyez sage, vous ferez le plus grand mariage ; étant colonel à votre âge, vous avez devant vous la plus belle carrière militaire ; et à cause de vous, qui me tenez lieu de fils, j’obtiendrai du roi, à l’époque de votre mariage, l’érection de Sillery en duché. » Tout cela étoit sûr, en supposant même la médiocrité de talens, pourvu qu’on fût exempt de folies éclatantes. Mais, à dix-sept ans, il montra déjà la passion du jeu et une extrême licence de mœurs. Il fit des dettes, des extravagances ; on le gronda, on paya, on pardonna. Il ne se corrigea nullement. Enfin, à vingt ans, il perdit au jeu, dans une nuit, cinq cent mille francs contre le baron de Vioménil ; il devoit d’ailleurs environ cent mille francs. La colère de M. de Puisieux fut extrême, et l’emporta trop loin : il obtint une lettre de cachet, et fit enfermer, au château de Saumur, son pupille ;