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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/202

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jamais rien fait d’aussi bizarre. Tout le monde fut confondu. M. de Genlis me gronda beaucoup, et me fit peur en me disant que ce poisson pouvoit vivre et grossir dans mon estomac, frayeur que je conservai pendant plusieurs mois.

Dans les derniers jours de novembre, M. de Genlis me conduisit à l’abbaye d’Origny-Sainte-Benoite, à huit lieues de Genlis et à deux de Saint-Quentin. Je devois y passer quatre mois, c’est-à-dire tout le temps que mon mari resteroit à Nancy, où se trouvoit le régiment des grenadiers de France, dont il étoit l’un des vingt-quatre colonels. Me trouvant trop jeune pour m’emmener à Nancy et pour me présenter dans une cour qui passoit pour être très-licencieuse, malgré la piété, les vertus et la vieillesse du bon roi Stanislas, M. de Genlis pensa avec raison qu’il étoit plus convenable de me laisser dans un couvent où il avoit des parentes. D’ailleurs dans ce temps il n’étoit pas du tout d’usage que les jeunes femmes suivissent leurs maris dans leurs garnisons. Madame d’Avarey, sœur de madame de Coislin, est la première qui, trois ou quatre ans après, ait donné cet exemple, qui fut très--