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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/201

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nement n’a jamais altérée ; mais cette louange n’est due qu’aux gens réfléchis et sensibles, l’égalité d’humeur vient alors du courage et de la force de l’âme ; les mêmes effets apparens sont souvent produits par l’insouciance et la légèreté.

Je ne restai que quelques jours à Genlis ; on m’y donna le divertissement de la pêche des étangs. Pour mon malheur, j’y allai avec de petits souliers blancs brodés ; arrivée au bord des étangs, je m’y embourbai ; mon beau-frère vint à mon secours, remarqua mes souliers, se mit à rire, et m’appela une jolie dame de Paris, ce qui me choqua beaucoup ; car, ayant été élevée dans un château, j’avois annoncé toutes les prétentions d’une personne qui n’étoit étrangère à aucune occupation champêtre. Je répondis avec assez d’aigreur aux plaisanteries de mon beau-frère ; mais, tous les voisins rassemblés à cette pêche répétant que j’étois une belle dame de Paris, mon dépit devint extrême ; alors je me penche, je ramasse un petit poisson long comme le doigt, et je l’avale tout entier, en disant : « Voyez comme je suis une belle dame de Paris. » J’ai fait d’autres folies dans ma vie ; mais certainement je n’ai