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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/212

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partement avoit été habité quelques années auparavant par une vieille dame que son laquais venoit servir, permission que l’abbesse donnoit aux dames pensionnaires, et que j’avois moi-même ; ces gros souliers avoient apparemment appartenu à son laquais, qui les avoit oubliés là ; on n’entroit jamais dans ce logement, et enfin ces souliers y étoient restés.

Je passai quatre mois et demi à Origny, et ce temps s’écoula pour moi très-agréablement ; j’appris des religieuses plusieurs petits ouvrages, et d’une servante de basse-cour comment on élevoit des pigeons et des poulets ; j’appris aussi à faire un peu de pâtisserie et quelques entremets ; ma guitare, ma harpe, mon écritoire m’occupoient une grande partie de la journée, et je donnois au moins tous les matins deux heures à la lecture. J’étois bien ignorante, car on ne m’avoit jamais donné de livres, puisque, jusque-là, on avoit consacré tout mon temps à la musique ; cependant j’étois fort curieuse, et je brûlois du désir d’acquérir de l’instruction on me prêta, dans le couvent, l’estimable Histoire ecclésiastique de Fleury, qui fit mes délices ; et une dame de Saint-Quentin me prêta des poésies de Pompignan,