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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/211

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dîmes, en effet, un bruit extraordinaire. Cependant, par un de ces premiers mouvemens d’imprudence et d’audace que j’ai eus mille fois dans ma vie, j’ouvris brusquement la porte, et je fis passer Victoire qui tenoit une bougie… Vis-à-vis la porte étoit la fenêtre avec un grand rideau blanc tiré… À peine la valeureuse Victoire a-t-elle jeté les yeux sur ce rideau, qu’elle pâlit, chancelle, et la lumière vacille dans sa main tremblante ; elle voyoit et je vis comme elle au même instant deux gros pieds d’homme qui passoient sous ce rideau… C’étoit voir un voleur ; mais, sans nulle réflexion, je m’élance vers le rideau en m’écriant : « Eh bien ! nous lui parlerons, ne me laissez pas seule, et avançons-nous ; … » en disant ces mots, je me jette sur le rideau brusquement… Quelle fut notre agréable surprise en découvrant que ces prétendus pieds n’étoient que des souliers d’homme posés de manière à produire l’illusion qui nous avoit tant effrayées ! Quant au bruit, il venoit d’un contre-vent dont un des pitons étoit détaché, de sorte que, mis en mouvement par le vent, il ballottoit avec fracas contre la fenêtre dont il avoit même cassé deux ou trois vitres. Cet ap-