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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/214

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elle avoit obtenu de madame l’abbesse la permission d’y aller ; je voulus être de la partie, mais mystérieusement et déguisée en paysanne, avec mademoiselle Victoire, et je déterminai ma mère à y venir avec nous, habillée aussi en paysanne, et le tout à l’insu de madame l’abbesse. Mademoiselle Beaufort, charmée de cette invention, nous fournit les habillemens, nous nous assurâmes d’une tourière, je fis dire à madame l’abbesse que nous avions la migraine, que nous dînerions dans nos chambres, et nous partîmes furtivement à une heure après midi. Nous allâmes à la ferme en charrette, nous fûmes présentées aux mariés comme des paysannes, parentes de mademoiselle Beaufort, qui ajouta que j’étois sa filleule ; je dansai beaucoup, j’eus les plus grands succés dans cette assemblée, que nous ne quittâmes qu’au déclin du jour. Mais un orage violent nous attendoit à Origny ; on nous avoit trahies ; madame l’abbesse savoit notre escapade, elle étoit fort scandalisée de nos déguisemens, et surtout que je fusse sortie de la maison sans le lui dire ; je lui représentai doucement qu’étant avec ma mère, cette sortie, du moins, n’avoit rien de scandaleux. Madame l’abbesse jeta tout