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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/216

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un bonnet de coton, brodé en laine de couleur, que lui prêta le laquais de ma mère ; ce fut, dans cet agréable équipage, qu’elle joua, de la manière la plus comique le rôle de Charmant. Comme elle me demandoit toujours un rôle de bergère, je fis une petite pastorale pour elle ; nous donnâmes tant de louanges à son jeu et à sa grâce, elle fut si persuadée qu’elle étoit ravissante dans ce costume, que je lui proposai de le garder toujours, et elle y consentit. De ce moment elle fut constamment habillée en bergère d’idylle, avec des petits habits blancs bordés de rubans de diverses couleurs, et portant sur l’oreille un petit chapeau de paille orné de fleurs, ou coiffée en cheveux qu’elle poudroit à blanc pour cacher ses cheveux gris ; quand elle sortoit de chez moi pour aller dans le couvent, j’exigeois toujours qu’elle prit sa houlette, chose dont elle contracta parfaitement l’habitude. Toutes mes amies encourageoient ses illusions pastorales, et quand les autres se moquoient d’elle, mademoiselle Beaufort disoit que c’étoit pour faire leur cour à madame l’abbesse. Je la gardai ainsi en bergère plus de deux mois, c’est-à-dire jusqu’au moment où M. de Genlis, arrivant de son régiment,