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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/252

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sement mon joli chapeau, j’allai prier madame d’Estourmel de le détacher, ce qu’elle fit avec empressement, car l’enfant s’impatientoit violemment. Madame d’Estourmel m’embrassa, loua beaucoup ma douceur, ma complaisance et mes beaux cheveux. Elle soutint que j’étois cent fois mieux sans chapeau, quoique je fusse tout ébouriffée, et que j’eusse une figure très-ridicule, avec une grande parure et cette coiffure en désordre. Mon chapeau fut livré à l’enfant sous la condition de ne pas le gâter. Mais en moins de dix minutes, le chapeau fut déchiré, écrasé, et hors d’état d’être jamais porté. J’eus grand soin les jours suivans de me coiffer en cheveux sans chapeau et sans fleurs. Mais, par malheur, cet enfant gâté étoit reconnoissant ; il s’attacha à moi avec une passion démesurée, et ne voulut plus me quitter ; dès que j’étois dans le salon il s’établissoit sur mes genoux ; il étoit fort gras et fort lourd, il m’assommoit, chiffonnoit mes robes, et même les déchiroit en posant sur moi des quantités de joujoux. Je ne pouvois ni parler à qui que ce fût, ni entendre un mot de la conversation, et il m’étoit impossible de m’en débarrasser même pour jouer aux cartes. Dans tous mes petits