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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/263

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de l’hiver ; j’en revins grosse de cinq mois, au commencement du printemps, et nous retournâmes à Paris pour le mariage de mon beau-frère. Il épousa mademoiselle de Vilmeur, âgée de quinze ans ; M. le marquis de Puisieux consentit à lui servir de père, et mon beau-frère décida que je lui servirois de mère : ce qui fut assez singulier, non-seulement parce que je n’avois que trois ans et demi de plus que la mariée, mais parce que j’allois voir pour la première fois à cette cérémonie ce chef de la famille qui m’avoit jusque-là montré tant de rigueur, et qui seroit obligé de me conduire dans l’église ; ce qu’il fit de fort bonne grâce. Il étoit très-paré ; il avoit son cordon bleu passé par-dessus son habit, il me parut éblouissant et terrible. Comme il me donnoit la main, il s’aperçut que je tremblois : « Vous avez froid, Madame ? » me dit-il ; je répondis naïvement, Ce n’est pas cela. Il m’a dit depuis que le ton dont je prononçai ces paroles, le toucha jusqu’aux larmes. Le repas de noce se fit avec une grande magnificence à la campagne chez le chevalier de Courten (à la Planchette) ; presque toute la famille y vint. Madame de Puisieux, sa fille la maréchale d’Estrée,