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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/268

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il venoit d’être reçu dans le génie, et avoit subi son examen du cours du Bezout avec la plus grande distinction ; en effet, il montroit un génie extraordinaire pour les mathématiques. J’eus une grande joie de le revoir ; il étoit fort joli, très-naïf et d’une gaieté d’enfant très-aimable et qui me convenoit parfaitement. Un soir qu’il y avoit du monde au château, et que ma belle-sœur et MM. de Genlis jouoient après le souper au reversi, mon frère me proposa une promenade dans la cour, qui étoit immense, sablée et remplie de fleurs ; j’y consentis. Quand nous fûmes dans la cour, il eut envie d’aller faire un tour dans le village ; je ne demandai pas mieux : il étoit dix heures, tous les cabarets étoient éclairés, et l’on voyoit, à travers les vitres, les paysans buvant du cidre ; je remarquai avec surprise qu’ils avoient tous l’air très-grave. Il prit à mon frère une gaieté, il frappa contre les vitres en criant : Bonnes gens, vendez-vous du sacré chien ? et après cet exploit il m’entraîna en courant dans une petite ruelle obscure, à côté de ces cabarets, où nous nous cachâmes en mourant de rire. Notre joie s’augmenta encore en entendant le cabaretier sur