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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/267

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l’ouvrage, brodoit parfaitement, et étoit adroite comme une fée. Elle étoit très-violente et fort contrariante ; elle avoit des obstinations d’enfant, mais au fond elle étoit bonne, obligeante, naturelle et très-gaie. Nous n’avons jamais eu ensemble la plus légère dispute, et je fus enchantée d’avoir une compagne si jeune et si aimable pour moi.

Le chevalier de Courten, maître de la maison et oncle de ma belle-sœur, étoit un vieillard de soixante-dix-sept ans, aussi aimable que spirituel. Il avoit servi avec beaucoup de distinction à la guerre et dans diverses négociations ; il avoit vu beaucoup de choses et les contoit avec un charme particulier ; je n’ai jamais vu à cet âge plus de gaieté, de douceur, de mémoire et d’agrément. Il joignoit à l’usage du monde et au ton de la cour de France, un grand naturel, et une sorte de naïveté qui tenoit aux mœurs de la Suisse, son pays, et qui donnoit à sa conversation et à son esprit quelque chose de jeune et d’original qui le rendoit le plus intéressant et le plus agréable de tous les vieillards.

En quittant la Planchette, nous allâmes tous à Genlis. Mon frère passa cette année à Genlis ;